CERF-VOLANT
ETYMOLOGIE
L'appellation
" cerf-volant " puise son origine du français ancien (vraisemblablement
des régions occitanes ) de serp voulanto ( serpent volant ), à
rapprocher du drago volante italien. Mais les études étymologiques
montrent que la dénomination la plus fréquente reste du type lexical
dragon par transmission populaire du latin draco, lui-même emprunté
du grec drakon ayant pour racine indo-européenne derk qui exprime la
fixité du regard du serpent.
Le dragon a désigné en latin, l'être fabuleux auquel on
pense en général en français et poétiquement, le
serpent. Cette dernière acceptation est aussi un emprunt, dont on peut
suivre le cheminement des Indes aux Perses, aux Scythes, aux Parthes, aux Daces
et aux Romains.
Le dragon des cohortes est une sorte d'étendard en forme de dragon, gueule
ouverte, porté sur une hampe, ondulant sous l'effet du vent. Le dragon
en question n'est pas à proprement parler un étendard, mais un
anémoscope (appareil qui indique la direction du vent ). Outre son rôle
d'inspirer le courage aux troupes et la terreur à l'ennemi, il servait
également à aider les archers à jauger la force et la direction
du vent.
L'appellation cerf-volant pour désigner un coléoptère,
le lucane ( lucanus ) est ancienne : elle remonte à 1381.
La désignation d'un jouet serait le produit d'un glissement de sens ;
il aurait d'abord désigné un emblème.
On trouve ainsi dans la littérature, de nombreuses références
à son utilisation. Charles IV, roi de France, prit pour emblème
un cerf ailé, ou cerf de justice, dont les ailes soulignent la promptitude
de la justice royale, particulièrement en matière d'imposition.
Charles VII et Louis XI furent chansonnés en " cerf volant "
. L'emblème se développe en symbole politique. Charles III de
Bourbon avait pour devise un cerf volant souligné du mot penetrabit signifiant
" qui est désigné par l'agilité du cerf et la légèreté
de ses ailes, il viendrait au bout de ses desseins " . Plus tard , on passera
de l'emblème aux armoiries, puis au XIV eme siècle, à l'enseigne
commerciale.
On relève ainsi un parallélisme entre les dénominations
de dragon et de cerf-volant, caractérisant des emblèmes.
Quant à la désignation d'un jouet, il est pour le moment impossible
de voir d'où elle vient. Le Dragon étant un animal diabolique,
n'a-t-il pas engendré, sous l'influence d'images populaires, un diable
aux ailes membraneuses déployées ? Et par opposition à
dragon-volant voire à serpent-volant comme en provençal ou en
italien, n'a-t-on pas voulu voir dans le jouet volant dans le ciel, un animal
bénéfique chargé de messages auprès de la divinité
? Si le cerf ailé peut signifié la promptitude dans l'action,
l'interprétation de l'image en fonction de la symbolique de l'aile élève
le cerf au niveau de la spiritualité ; le dragon apparaissant donc comme
l'esprit du mal et le cerf-volant comme l'esprit du bien associé au jouet
de l'enfant.
ORTHOGRAPHE
COUTUMES ET USAGES
Publication
" Le Cerf-Volant " N° 27 / Octobre 1911
- Rubrique " Néologismes "
/ J. Lecornu
"
Pour désigner quelqu'un qui pratique le sport du cerf-volant, l'usage
paraît s'établir d'employer le mot
" Cerfvolantiste ". Un terme euphonique
et lourd qui convient mal à un habitué d'un sport ou tout est
légèreté et souplesse.
Si le le terme
cervoliste fait rapidement son apparition dans
les publications qui suivent cette préconisation, il faudra attendre
soixante quinze ans, le 11 juillet 1986, pour voir entériner définitivement
les termes Cerf-voliste
et Cerf-volisme
par l'Académie Française, qui a préféré cette
orthographe " proche de l'étymologie et conforme au génie
de la langue " ( lettre de Maurice Druon, secrétaire perpétuel
de l'Académie Française, à Serge Nègre, président
de la Société Etudes et Recherches Archéologiques et Historiques
de Labruguière ).
Les termes " Lucaniste " ou " Lucanophile
" ont quelquefois été utlilisés dans la fin du 20
ème siècle, sans pour autant s'imposer...
Un cerf-volant;
des cerfs-volants
/ Un cerf-voliste; des cerfs-volistes
Cerf-volisme; Cerf-volistique ....